Polémique autour d'un téléfilm avec Richard Berry déprogrammé
Aude Dassonville
Le Monde, 20/02/2021
Le groupe France Télévisions a-t-il décidé de déprogrammer un téléfilm avec Richard Berry au motif que sa fille aînée, Coline Berry-Rojtman, l'accuse d'inceste à son égard lorsqu'elle était enfant ? A cette question, Anne Holmes, la directrice de la fiction du groupe, répond par la négative. Si les téléspectateurs de France 3 n'ont pas assisté, vendredi 12 février, à une rediffusion du téléfilm La Loi de Damien (avec Richard Berry) mais à celle de La Loi de Julien (avec Jean-Pierre Darroussin), ce n'est pas pour infliger une «punition » à l'acteur incriminé, mais par souci de «protéger »« l'ensemble des protagonistes ». « J'ai pris cette décision avec toute mon émotion, en croyant bien faire », plaide la responsable du groupe audiovisuel public.
Cette déprogrammation subite était passée inaperçue jusqu'à ce qu'Hervé Temime, l'avocat du comédien, s'en émeuve dans l'émission de France 5 « C à vous », dont il était l'invité, mardi 16 février.
« C'est ça, la présomption d'innocence ? », s'y est-il interrogé, en direct, devant le regard incrédule de ses interlocuteurs. Quelques instants plus tard, un communiqué de la chaîne lu par la présentatrice, AnneElisabeth Lemoine, indiquait que, « en accord avec les ayants droit» du téléfilm (une société de production filiale du groupe Mediawan, présidé par Pierre-Antoine Capton, le producteur de... « C à
vous », au travers de sa société Troisième Œil), sa programmation était « décalée »,« afin de ne pas perturber les démarches juridiques dont la presse se fait l'écho entre Richard Berry et sa fille ». « Ça n'est pas crédible du tout », rétorquait aussitôt l'avocat, recommandant aux responsables de cette décision de «prendre un bon avocat ». Contacté mercredi, Me Temime se contente de confirmer ses propos.
«Il est évident que Richard Berry bénéficie d'une pleine présomption d'innocence, reprend Anne Holmes. Et, s'il y a de nouveaux rôles à lui proposer, on lui proposera. » Une nouvelle programmation de La Loi de Damien pourrait même intervenir dans le semestre, lorsque l'actualité autour des accusations dont il est l'objet se sera apaisée. Pour le groupe France Télévisions, il n'est pas question d'être accusé de céder à la cancel culture, qui condamne au silence les personnes et les oeuvres jugées controversées. A fortiori lorsque la justice n'est pas passée.