La réouverture du Musée des Beaux-Arts d’Anvers, un ratage désolant

Didier Rykner mardi 4 octobre 2022

 

Cela faisait douze ans que nous attendions cela. Le Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers a rouvert ses portes (ill. 1).

Hélas, la déception est à la hauteur de cette attente. Immense.

 

1. Le Musée des Beaux-Art d’Anvers, après restauration

Photo : Didier Rykner

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Le seul point positif est l’excellente restauration du bâtiment - autant que nous puissions en juger car nous n’avons que de vagues souvenirs de son état d’avant. Il semble que toutes les parties historiques, notamment son très bel escalier d’honneur décoré des peintures de Nicaise de Keyser (ill. 2 et 3), mais aussi les salles d’expositions de l’étage principal aient été parfaitement respectées.

 

2. Escalier d’honneur du Musée des Beaux-Arts d’Anvers avec son décor de Nicaise de Kayser

Photo : Didier Rykner

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3. Nicaise de Kayser (1813-1887)

Figure allégorique de la ville d’Anvers entourée d’artistes du gothique à la Renaissance

Huile sur toile, décor de l’escalier d’honneur

Anvers, Musée des Beaux-Arts

Photo : Didier Rykner

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Cela permettra peut-être un jour de raccrocher dignement les collections anciennes. Car tout ou presque est consternant dans cette présentation, à commencer par le nombre d’œuvres exposées, extrêmement réduit par rapport au nombre de salles (454 tableaux sur 3300 conservés), ce qui condamne à l’ombre des réserves d’innombrables peintures et sculptures. Nous ne prendrons ici que quelques exemples, même la peinture flamande du XVIIe siècle étant très insuffisamment présentée. On ne voit ainsi (sauf erreur de notre part) qu’un tableau de Gerard Seghers sur six conservés, qu’un Michaelina Wautier sur deux, qu’un Theodoor Rombouts sur cinq, qu’un David Teniers II sur quatorze, qu’un Theodor van Thulden sur quatre, que deux Cornelis Schut sur quatre, aucun Abraham van Diepenbeeck sur les deux qu’a le musée, qu’un seul Abraham Janssens sur cinq ou encore que quatre Erasme II Quellinus sur douze, et aucun Jan Erasme Quellinus. Plus grave encore, à l’exception de Rubens qui peut être considéré comme bien exposé, Jordaens et Van Dyck le sont très peu : cinq tableaux de Jordaens sur les vingt-deux du musée, et huit Van Dyck sur seize. Alors que tant de murs et même de salles sont vides, conserver autant d’œuvres de Flamands en réserves, alors que c’est ce que l’on vient voir avant tout à Anvers, est une faute grave.

 

4. Galerie des œuvres du XIXe siècle

Photo : Didier Rykner

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5. Salle du réalisme au bout de la galerie des œuvres du XIXe siècle

Photo : Didier Rykner

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Seul le XIXe siècle bénéficie dans une longue galerie d’un accrochage serré, façon Salon (ill. 4), malgré tout peu satisfaisant tant il est médiocre, sauf pour une salle à l’extrémité de la galerie, consacrée aux tableaux et sculptures réalistes (ill. 5), plutôt réussie : dense sans l’être trop, permettant de bien voir les œuvres, et avec des rapprochements pertinents. Une salle réussie sur vingt-huit à cet étage…

 

6. Salles de l’art moderne au

Musée des Beaux-Arts d’Anvers

Photo : Didier Rykner

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7. Salle d’esquisses sculptées

Musée des Beaux-Arts d’Anvers

Photo : Didier Rykner

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L’art moderne - incluant Ensor dont une salle d’art graphique qui montre les œuvres beaucoup trop haut - est traité façon hôpital, blanc du sol au plafond (ill. 6). Des galeries à l’étage intermédiaire présentent des petites sculptures et quelques esquisses peintes (ill. 7), sans grande logique.

Comment parler en détail de ce ratage presque complet sans être trop ennuyeux. Nous avons décidé, une fois n’est pas coutume, de donner un peu de fantaisie à cette recension qui menacerait d’être trop aride, en imaginant ce qu’aurait pu être une réunion de préparation de la muséographie. Nous espérons que cela arrachera quelques sourires contrairement à la visite que nous avons faite du nouveau musée des Beaux-Arts d’Anvers.

La scène est à trois personnages. Le chef et deux collaborateurs. Évidemment, cela va sans dire, cette petite pièce est une pure invention. En revanche, le résultat est exactement ce qui y est décidé, comme le démontrent nos photos.

A : Bon, je propose que nous commencions. Quelle est l’idée générale ?

B : Si on n’exposait que peu de tableaux ? On a des très beaux murs, ce serait dommage de les cacher (ill. 8). Et puis il faut penser au public. Il ne faut pas l’ennuyer avec toutes ces œuvres. C’est notre responsabilité de lui plaire et de lui donner envie de revenir.

 

8. Salle au début du parcours d’art ancien du Musée des Beaux-Arts d’Anvers

avec son accrochage extrêmement peu dense pour laisser voir les murs (d’un beau mauve, admettons-le), avec les banquettes anciennes conservées

Photo : Didier Rykner

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C : Euh, mais c’est tout de même le rôle du musée de montrer des œuvres non ? Et puis on a augmenté la surface d’exposition de 40 %...

A : Ne soyez pas réactionnaire, je vous en prie. Non, il a totalement raison. Il faut être inclusif et ne pas rebuter ceux qui ne s’intéressent pas aux tableaux. Ils ont droit aussi de visiter le musée. L’augmentation des surfaces, c’est pour aérer, pour rendre la visite plus agréable...

B : Et si on faisait un espace de réalité virtuelle ? En plus, ça plait aux jeunes la réalité virtuelle. Ils vont se précipiter…

A : Excellente idée ! On va réquisitionner une salle pour installer des casques, et on leur montrera l’atelier d’un peintre au XVIIe siècle (ill. 9). C’est culturel non ?

 

9. Salle de la réalité virtuelle dans le parcours d’art ancien

du Musée des Beaux-Arts d’Anvers

Photo : Didier Rykner

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C : Euh, toute une salle pour quelques casques ?

A : Ah ne nous cassez pas les pieds. On mettra des jolis dessins sur les murs… Mais ça fait encore trop de salles. Même en accrochant large, c’est trop grand.

B : Et si on faisait des projections sur les murs de détails de tableaux de la collection (ill. 10 et 11) ? En France, ça plaît beaucoup ! L’atelier des Lumières fait un tabac avec ce concept. Et on rajouterait de la musique aussi. Comme eux. Mais avec nos œuvres. C’est une occasion à ne pas rater. Et ça prendra une grande salle où on n’aura pas besoin d’accrocher des tableaux !

 

10. Salle de projection de détails d’œuvres dans le parcours d’art ancien du Musée des Beaux-Arts d’Anvers

Photo : Didier Rykner

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11. Salle de projection de détails d’œuvres dans le parcours d’art ancien du Musée des Beaux-Arts d’Anvers

Photo : Didier Rykner

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A : Très bien, très bonne idée !

C : Euh…

A : Il n’y a pas de euh… qui tienne. Vous êtes contre la modernité décidément vous. Allez, de l’imagination. Il nous faut encore une salle en moins !

B : J’ai une idée, j’ai une idée !

A : Mais vous êtes précieux mon petit… Je vous écoute.

B : Une salle avec plein d’écrans télé, et sur ces écrans télés… des tableaux de la collection (ill. 12) !

 

12. Salle avec quelques postes de télévision dans le

parcours d’art ancien du Musée des Beaux-Arts d’Anvers

Photo : Didier Rykner

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A : Mais où allez-vous chercher tout ça ? C’est formidable comme concept. Je prends. Bon, on a déjà rempli trois salles. Mais on va faire quoi des autres ?

C : Euh, on y installe des tableaux ?

A : Oui, bon, d’accord, vous avez gagné. Mais pas trop, n’oubliez pas !

B : Et si on mettait des écrans tactiles dans certaines salles pour analyser des tableaux (ill. 13) ?

 

13. L’Adoration des Mages de Rubens avec le dispositif de borne interactive

Photo : Didier Rykner

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A : Mais bien sûr, bien sûr. C’est très populaire aujourd’hui. Et vous y mettriez quoi ?

B : Des témoignages de gens qui diraient ce qui leur passe par la tête ?

A : Attention, pas trop scientifique, sinon on va perdre notre public.

B : Pas du tout, j’ai eu une idée : filmer des témoignages de gens qui n’y connaissent rien.

C : Euh…

A : Mais c’est GÉ-NIAL !

B : Par exemple, on ferait venir une travailleuse du sexe pour parler de la Scène de bordel de Joachim Beuckelaer (ill. 14).

 

14. Travailleuse du sexe en pleine explication de tableau sur une borne interactive

Photo : Didier Rykner

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A : Attendez, là vous me perdez : elle s’y connaît en sexe non ?

B : Oui mais elle ne connaît rien à la peinture, c’est un regard frais sur une œuvre qui, franchement, est un peu vieillotte…

A : Ce n’est pas faux…

B : Et on ferait venir un ornithologue pour parler des anges de Memling (ill. 15 et 16),

A : C’est une bonne idée… Mais pourquoi un ornithologue ?

 

15. Ornithologue en pleine explication de tableau sur une borne interactive

Photo : Didier Rykner

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16. Ornithologue réaliste en pleine explication de tableau sur une borne interactive réalisant que sa profession ne lui est pas d’une grande utilité dans cet exercice

Photo : Didier Rykner

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B : Mais parce que les anges ont des ailes bien sûr !

C : Euh…

A : Vous ce n’est pas le moment. On travaille…

B : Et on interrogerait aussi des enfants et des jeunes pour leur demander ce qu’ils voient sur le tableau…

C : Euh, excusez-moi, mais est-ce que ce n’est pas notre rôle d’expliquer l’iconographie et le sens du tableau, plutôt que de le demander à des enfants qui n’y connaissent rien ? Car c’est bien le principe que vous avez édicté non ?

A : Et voilà ! Tout de suite les grands mots ! Iconographie… Vous avez un mauvais esprit…

B : Les enfants doivent s’exprimer ! Je suis sûr qu’ils auront des choses passionnantes à raconter. Et j’ai un artiste aussi. Rinus van de Velde (ill. 17). Il comparera l’œuvre de Rubens et la sienne. Mais en toute modestie bien sûr. Et un conseiller en deuil, qui va venir nous expliquer que La Dernière communion de saint François de Rubens représente une personne qui prend congé de la vie (ill. 18). C’est très puissant.

 

17. Artiste contemporain se comparant modestement à Rubens sur une borne interactive

Photo : Didier Rykner

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18. Conseiller en deuil tentant de réconforter la famille de saint François d’Assise (avec un succès mitigé)

Photo : Didier Rykner

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A : Bon, tout ça c’est très bien. Mais il y a quelque chose qui m’ennuie un peu…

B : Quoi donc ?

A : Nous sommes un musée, c’est déjà un peu problématique. Mais en plus un musée belge. Léopold II, la colonisation, tout ça tout ça, on va nous reprocher de ne pas en parler.

B : Mais si.

A : Comment ça mais si.

B : J’ai tout prévu ! On a Ikraaan. J’ai déjà tourné la vidéo.

A : I quoi ?

B : Ikraaan voyons, avec trois a, c’est la reine de la soul venue de Flandres.

A : Ah…

B : Et pour n’y rien connaitre, elle n’y connaît rien ! De son propre aveu, elle n’avait jamais mis les pieds avant dans un musée.

A : Très bien ça, c’est justement ce que je veux ! Des regards neufs.

B : Mais ce n’est pas tout : on lui a demandé de parler de la Vierge entourée de séraphins et de chérubins de Jean Fouquet, peinte sous les traits d’Agnès Sorel. Et elle a été très nature et très franche.

A : La franchise, ça paye toujours !

B : Elle se compare à Agnès Sorel car elle « est également une personne qui suit son idée, et qui ne se soucie absolument pas de ce que les autres pensent »

A : Bravo !

B : Et elle ajoute que c’est difficile parce qu’elle ne se sent pas chez elle ici.

A : Qui ? Agnès Sorel ?

B : Mais non ! Ikraaan !

A : Mais pourquoi ? Elle n’est pas flamande ?

B : Si, elle est flamande mais d’origine somalienne.

A : C’est très bien ça ! Il fallait le dire avant. Et elle ne se sent pas chez elle car les Belges sont d’horribles colonialistes ?

B : Exactement ! Selon ses propres termes, elle ne se sent pas chez elle « en raison du passé colonial et du racisme de ce pays » (ill. 19 et 20).

 

19. Ikraaan, déracinée

Photo : Didier Rykner

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20. Ikraaan dénonçant le passé colonial et le racisme de la Belgique au Musée des Beaux-Arts d’Anvers

Photo : Didier Rykner

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A : Elle a tout à fait raison. Moi j’ai honte de ça, j’espère que vous aussi vous avez honte. Pouvoir donner un témoignage comme celui-ci ne nous absout pas, certes, mais c’est mieux que rien. C’est très bien tout ça, c’est très bien.

B : On a aussi une conservatrice qui vient nous dire que le portrait d’Agnès Sorel est très moderne.

A : Ah j’aime mieux ça, je trouvais ça un peu vieillot…

B : Elle dit aussi que le couleurs sont « trop vives et les personnages trop rigides » (ill. 21)...

 

21. Conservatrice du Musée des Beaux-Arts d’Anvers

faisant la fine bouche devant le tableau de Jean Fouquet

Photo : Didier Rykner

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A : Oui elle n’a pas tort, je me suis dit ça aussi. Vous êtes sûr qu’il faut l’exposer ?

C : Euh…

B : Ah oui, on a déjà enregistré le témoignage d’Ikraaan…

A : C’est vrai vous avez raison. Tant pis, on garde Agnès Sorel. Bon, le point suivant. Ce n’est pas tout d’avoir peu d’œuvres. Le problème c’est que les visiteurs risquent de s’ennuyer. Vous avez prévu quoi en plus ?

B : Là je sens que ça va vous plaire. On a plein de surprises, pour les petits et pour les grands. Des dromadaires mauves d’abord, dans la salle Rubens (ill. 22 et 23).

 

22. Dromadaire mauve dans une salle Rubens au Musée des Beaux-Arts d’Anvers

Photo : Didier Rykner

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23. Adoration des Mages de Rubens où l’on voit distinctement à l’arrière-plan deux dromadaires (mais pas mauves)

Photo : Didier Rykner

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A : Des dromadaires mauves ?

B : Oui ! Des dromadaires comme dans L’Adoration des Mages de Rubens. Et ils sont mauves. Comme les banquettes.

A : Astucieux ça, les enfants vont adorer !

B : C’est certain. Et ils vont aussi adorer le crâne de dinosaure grandeur nature (ill. 24 et 25).

 

24. Salle du Musée des Beaux-Arts d’Anvers avec plein de tableaux et un crâne de dinosaure en plastique

Photo : Didier Rykner

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25. Crâne de dinosaure en plastique dans une salle du Musée des Beaux-Arts d’Anvers

Photo : Didier Rykner

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A : Le crâne de dinosaure ? Il y a des dinosaures dans les tableaux de Rubens ?

B : Non, cette fois c’est dans une salle où on trouve un tableau de Frans Floris, un autre de Jan Brueghel II, un Salvator Dali, un retable catalan du XVe siècle…

A : Mais c’est quoi le thème de cette salle ?

B : Le Mal !

A : Le Mal ? Mais les dinosaures ils sont gentils, vous l’avez dit d’ailleurs, les enfants les adorent.

B : Ah.. Oui. Sans doute. Mais on va le mettre où alors ce crâne de dinosaure ?

A : Bon ce n’est pas grave, laissez-le là, on verra plus tard. Et vous avez quoi encore comme surprise ?

B : Une grande main rouge qui tourne (ill. 26 et vidéo ci-dessous) !

 

26. Grande main rouge qui tourne dans une salle du Musée des Beaux-Arts d’Anvers (mais là c’est une photo, on ne voit pas qu’elle tourne, voir la vidéo plus bas...)

Photo : Didier Rykner

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A : Une grande main rouge qui tourne ?

B : Oui. Une grande main rouge qui tourne !

A : Mais pourquoi une grande main rouge qui tourne ?

 

 

B : Je ne sais pas. J’ai trouvé ça rigolo une grande main rouge qui tourne.

A : Et vous avez raison ! En plus c’est original, je n’ai encore jamais vu dans un musée de grande main rouge qui tourne. Au moins ça va faire parler. C’est très bien.

C : Euh…

A : Ah ça va bien vous avec votre mauvais esprit. Quoi d’autre encore ?

B : Un grand rocher rouge (ill. 27).

A : Qui tourne ?

B : Ah non, lui il ne tourne pas.

 

27. Grand rocher rouge qui ne tourne pas dans une salle du Musée des Beaux-Arts d’Anvers

Photo : Didier Rykner

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A : C’est dommage. Mais bon. En tout cas, on a bien avancé. Félicitations. Et pour les journalistes, ne lésinez pas sur les qualificatifs dans le dossier de presse. Tiens, je propose : « Invitant, Rebelle, Ludique, Diversifié, Féérique, Captivant ». On va frapper un grand coup. Louvain n’a qu’à bien se tenir.

[Ils se lèvent.]

B : Attendez, attendez, j’ai gardé le meilleur pour la fin [il pouffe].

A : Nous vous écoutons !

B : Il y a une salle avec un petit Jan Steen, c’est une fête de mariage...

A : Et ?

B : Et ils sont tous saouls !

A : Et ?

B : On met le tableau de travers (ill. 28).

 

28. Un tableau d’Adrian Brouwer mis de travers parce que les protagonistes

peints ont un peu trop bu (et le régisseur aussi, sans doute)

Photo : Didier Rykner

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A : Ah ?

B : Vu qu’ils sont tous saouls !

A : Excellent !

C : Euh...

Didier Rykner

 

Collé à partir de <https://www.latribunedelart.com/la-reouverture-du-musee-des-beaux-arts-d-anvers-un-ratage-desolant>