Le Monde
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Chez Slidor, une entreprise qui enrichit les représentations graphiques PowerPoint de grandes entreprises, la
moitié des images sont aussi générées par Midjourney. « Pour les illustrations, cela prend trois fois moins de
temps avec l’IA qu’avec un dessin à la main », assume son cofondateur Jérôme Bestel. Pour David Leclabart,
coprésident des agences publicitaires Australie.GAD et de l ’A ACC, certains prestataires produiront en masse, à bas
prix (Midjourney coûte 10 dollars, soit environ 9 euros, par mois), des images pour des campagnes en ligne. Au
risque de faire baisser la « valeur de la création », pour les consommateurs et pour les artistes…
Cette inquiétude est moins présente dans le secteur des eꢀets spéciaux, où « les gens sont plutôt emballés », selon
Gaël Honorez, de PresenZ. Ce producteur belge de �lms immersifs en 3D a utilisé l’outil Stable Diꢀusion pour
générer le fond du cadran d’une montre. « Avec l’annonce par l’éditeur Adobe d’un logiciel d’IA entraîné sur des
images respectant le copyright, cet usage deviendra probablement la norme », pense-t-il. L’IA sert aussi à
automatiser des tâches fastidieuses, comme isoler puis faire disparaître ou modi�er les éléments non désirés
dans une vidéo.
Le rêve d’un assistant personnel
«
Préécriture d’e-mail, premier essai pour une étude de marché, se faire passer pour un consommateur pour
préparer les questions d’un entretien… » Julien Rechenmann, fondateur d’une start-up en neurotechnologie à
Toronto (Canada), estime économiser « un tiers » de temps de travail grâce aux IA génératives, vues comme un
genre d’assistant. Chez la PME Slidor, 75 % des salariés utiliseraient ces outils pour créer des comptes rendus de
réunion, etc.
L’« ami » est parfois présenté comme un remède – partiel – au complexe de la page blanche, permettant de
générer des idées, pour écrire un texte, voire un scénario. « Ça me permet souvent d’avoir des déclics quand je
bloque », explique l’enseignante en lycée professionnel Sandrine Maduraud, 55 ans, qui en amont des cours essaie
ChatGPT pour « trouver des plans, des questions plus variées, des réponses rédigées… ».
«
J’utilise ChatGPT au moins une fois par jour, explique le directeur des ressources humaines d’une grande
entreprise informatique. Je prépare des communications aux équipes : projet de déménagement, événements ou
célébrations… » Il con�e être allé jusqu’à demander au robot de « nuancer » son propos pour, par exemple, être
«
plus empathique » avec les employés… Ryan, étudiant en informatique à l’Ecole normale supérieure, en stage
dans un laboratoire de recherche, lui, « demande un brouillon à ChatGPT dès qu’il faut faire un truc formel, genre
e-mail. Je l’utilise systématiquement pour communiquer l’état de mes recherches aux autres, via des
présentations académiques ou grand public ». En bémol, les adeptes soulignent le besoin de « véri�er » le
contenu : « Je dois reprendre certaines tournures de phrase et supprimer des paraphrases, prévient
M. Rechenmann. C’est un excellent premier jet. »
Des logiciels internes
Au-delà des salariés isolés, l’IA générative a aussi commencé à se diꢀuser dans les grands groupes. « Pour avoir
plus de �abilité et de maîtrise, les entreprises veulent souvent affiner un modèle en l’entraînant sur leurs propres
données, ou alors le réentraîner entièrement », raconte Julien Chaumond, cofondateur de Hugging Face, plate-
forme de publication de logiciels et de ressources en IA. L’agence d’information Bloomberg a ainsi entraîné
BloombergGPT sur quarante années de dépêches et de données �nancières. Ce robot interne répondra aux
questions des employés, de la même façon que celui créé par Morgan Stanley avec OpenAI.
«
Nos conseillers �nanciers peuvent lui demander de comparer nos analyses de la situation d ’A pple, Microsoꢁ et
IBM, ou de renseigner un client sur le statut des trusts en Californie, etc. Avant cela, il leur aurait fallu cliquer sur
plusieurs documents, puis les comparer », explique Jeꢀ McMillan, responsable de l’analyse de données de Morgan
Stanley, qui teste cet outil avant de le généraliser cet été. Le fournisseur de logiciels pour entreprises Salesforce a,
lui, lancé Einstein GPT, déjà utilisé par l’électricien français Schneider Electric.
Chez Cdiscount, les interfaces d’OpenAI servent à classer les �ches produits envoyées par les vendeurs de la plate-
forme, ce qui aurait « divisé par deux les produits mal catégorisés ». Chez LightOn, un des clients veut utiliser l’IA
pour analyser, « avec une fréquence beaucoup plus grande qu’aujourd’hui », des avis écrits en ligne par des
acheteurs. Un autre, assureur, souhaiterait répondre au moyen d’un robot à des questions de clients : après avoir
chargé leur contrat en ligne, ceux-ci pourraient savoir s’ils sont assurés contre la grêle, etc.
L’IA serait aussi prometteuse dans la relation client : la Société générale cherche actuellement à recruter une
personne capable d’améliorer ses algorithmes « pour la classi�cation et l’extraction automatique d’informations
dans des documents scannés, l’analyse de verbatim clients pour détecter des thèmes récurrents, ou encore le
résumé automatique d’appels téléphoniques ». Cette dernière fonction est également en test chez Bouygues
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25/04/2023, 15:01