Au Musée Gainsbourg, un énigmatique tableau peint par le chanteur refait surface

Par Véronique Mortaigne

 

 « Les Enfants au square » est une des rares toiles peinte par Serge Gainsbourg qu’il n’a pas détruites. Elle évoque sa propre enfance et sa sœur jumelle, dont il ne parlait pas. Jusqu’ici caché du grand public, le tableau est resté longtemps chez Juliette Gréco qui le choyait. Vendu en 2021 à une famille d’antiquaires, il est aujourd’hui exposé dans le Musée Gainsbourg à Paris.

 

« Les Enfants au square », une des rares toiles de Serge Gainsbourg exposée au Musée de la rue de Verneuil, à Paris. CRAIT+MüLLER / DROUOT

 

Novembre 2015, Juliette Gréco explose. Une colère d’un noir Gréco : décoiffante. « Son » tableau a disparu. Dans la grande demeure de pierre de Verderonne, dans l’Oise, c’est le branle-bas de combat. « Je suis très malheureuse, j’ai l’impression qu’on m’a arraché un petit morceau de ma vie », se désole la chanteuse alors âgée de 88 ans, qui vit dans la campagne isarienne avec son mari, le pianiste et compositeur Gérard Jouannest. C’est le désordre dans cette maison où circulent la famille, les collaborateurs, les journalistes, les proches, les employés, les conquis, les dévoués, les flagorneurs.

Qui a osé porter la main sur cette petite peinture au charme délavé à laquelle la chanteuse tient tant ? Ce n’est pas parce que Juliette Gréco la planque parfois sous le canapé de son bureau ou qu’elle l’oublie par intermittence qu’elle n’y tient pas. La preuve, périodiquement, la toile est rétablie sans sa majesté, posée en évidence sur une cheminée. « En fait, on n’y faisait pas toujours très attention, commente Irmeli Jung, photographe et amie de longue date de Juliette Gréco. Un petit format pas trop moche, mais vague, avec peu de couleur », toujours posé à l’inverse du sens de la lumière. Hors cadre, donc.

Quand le tableau disparaît, la maisonnée bruisse du nom du ou des coupables. Pour éviter l’embarras, on met ça sur le compte de l’âge de sa propriétaire (oublieuse). Mais Juliette Gréco a toute sa tête, elle est en tournée d’adieu. A posteriori, certains y verront les prémices de l’AVC qui va la frapper en 2016, cette même année où elle perdra sa fille unique, Laurence Marie Lemaire, emportée par un cancer.

« Il y avait beaucoup de passage chez elle et le tableau agissait pour certains comme un aimant, affirme Julie-Amour Rossini, unique petite-fille et héritière de Juliette Gréco. Comme elle n’aimait pas beaucoup la maréchaussée, elle préfère alors expédier un communiqué à l’AFP. » Celui-ci contient un ultimatum : « Je donne quelques jours à mes voleurs pour le remettre là où ils l’ont trouvé, après je lance la machine de guerre ! » Et ça marche. Retour rapide, et miraculeux, au bercail de l’huile sur toile.

 

Style postimpressionniste, façon Bonnard

Du point de vue de l’histoire de l’art, l’œuvre n’a pas une grande importance, mais elle cumule quelques marques d’exception. Parce qu’elle est signée Ginsburg, le vrai nom de Serge Gainsbourg. Parce qu’elle est l’une des seules toiles que le futur chanteur, qui se rêvait peintre, n’a pas détruites ce jour de 1958 quand, comprenant qu’il ne serait pas un grand artiste, il avait brûlé la plupart de ses tableaux. Parce qu’elle met en scène un énième mystère gainsbourien. Un bout de cette mythologie dont, à force de livres, d’émissions, de coffrets collectors, de films et d’expositions, on semble tout connaître, mais qui surprend toujours. La toile raconte le Gainsbourg d’avant le mythe, d’avant Jane, d’avant Gainsbarre…

Drôle de gueule, ce tableau, si peu photographié, si peu connu, aujourd’hui exposé parmi tant de photographies et d’affiches au Musée Gainsbourg, inauguré en septembre 2023 rue de Verneuil, à Paris. Il montre deux silhouettes floues, deux enfants en boule, repliés en fœtus, chemise androgyne, petite robe à pois, jouant dans un square, penchés l’un vers l’autre avec tendresse. Au premier plan, un petit râteau. Un style postimpressionniste, façon Bonnard. « Ils paraissent très complices. C’est comme un zoom, comme si un parent s’était assis au bord du bac à sable », note Julie-Amour Rossini. « Un camaïeu, 50 centimètres sur 35. Précieux. Des cheveux blonds, des cheveux roux. Gainsbourg était extrêmement féminin, fragile… », nous disait Juliette Gréco en 2016.

Le tableau date du tout début des années 1950. Lucien Ginsburg est alors élève de l’Académie de Montmartre, dirigée par le peintre Fernand Léger. Il veut peindre, il a épousé une artiste peintre, Elisabeth Levitsky, fille d’aristocrates russes orthodoxes antisémites, « Lise » est à ce titre très peu aimée de la famille Ginsburg, juifs immigrés de Russie. Pour calmer sa mère, Lucien plaide la vengeance : « Moi, un petit juif si moche, je me tape les plus prestigieuses descendantes des pogromistes d’antan. »

 

« Ils parlaient peinture pendant des heures »

Au début des années 1950, le « peintre en devenir » est à la peine, peu sûr de son talent et sans le sou. En 1954, il remplace son père, Joseph, pianiste attitré du cabaret montmartrois Madame Arthur. De formation classique, Joseph Ginsburg nourrit la famille en accompagnant les stars du transgenre, Coccinelle et Bambi, mais aussi Lucky Sarcelle, pour qui Lucien écrit sa première chanson, Antoine le casseur, déposée à la Sacem cette année-là sous le nom de Julien Grix. En 1957, après changement d’identité, Serge Gainsbourg divorce de « Lise » et de la peinture. Exit l’art majeur. Les Enfants au square survit à sa rage. En 1959, bien avant La Javanaise (1963), Serge Gainsbourg l’offre à Juliette Gréco.

L’interprète amie des existentialistes domine déjà la scène intello de l’après-guerre quand elle croise un Gainsbourg aux oreilles décollées, sans voix et mort de trac. Ils fréquentent Les Trois Baudets, le cabaret montmartrois dirigé par le producteur Jacques Canetti, dont Boris Vian, qu’ils admirent, est un pilier. Ils ont en commun une passion pour Le Titien, en particulier pour L’Homme au gant, peint vers 1520. « Ils parlaient peinture pendant des heures, raconte Didier Varrod, journaliste, documentariste et directeur musical des antennes de Radio France. Comme ils étaient fauchés, ils passaient leurs journées à flâner au Louvre » et dans d’autres musées, au chaud.

Par quel nœud gordien ces deux artistes frondeurs ont-ils été unis ? Par l’histoire sans doute. Juliette Gréco fut arrêtée par la Gestapo en 1943 à l’âge de 15 ans, battue, puis libérée, tandis que sa sœur aînée et sa mère sont déportées au camp de Ravensbrück pour des faits de résistance. Lucien, lui, passe la guerre caché dans le Limousin.

 

Trimballé au gré des déménagements

En juillet 1959, la chanteuse joue les intervieweuses, pour l’émission de radio « Soyez les bienvenus ». Elle est habile, Juliette Gréco. Charnelle et futée. Il est timide, elle le met à nu, l’oblige à l’intimité. – « Vous êtes agressif ? Pourquoi ? » – « Admettons que ce soit une couverture. » Le pire dans la vie ? « L’imbécillité. » Votre seul amour ? « La peinture. »

« A la suite de cette émission, il est venu chez moi et m’a dit : “J’ai tout brûlé, tout détruit, je vous donne ça. C’est la seule qui reste” », expliquait l’amie de Sartre et de Desnos. Elisabeth Levitsky, l’ancienne épouse, voit dans Juliette Gréco, séductrice patentée, la main armée de cette désertion. « Sa relation ambiguë, profonde, au tableau s’ancrait dans une sorte de culpabilité d’avoir mené Gainsbourg en dehors de sa passion de la peinture et d’avoir participé à sa conversion à la chanson », selon Didier Varrod.

Juliette Gréco ne se sépara jamais de l’objet. Au micro de José Artur sur France Inter, la chanteuse confie en 1987 : « J’adore cette toile. Elle a été au-dessus de mon lit, mais je la promène un peu partout dans la maison. C’est plus qu’un tableau, c’est une partie de lui. » Le tableau « Ginsburg » a été trimballé au gré des déménagements de sa propriétaire. Juliette Gréco fut la première à habiter la rue de Verneuil, dans le 7e arrondissement de Paris, au 33, dans une maison acquise au début des années 1960 grâce à un gain au casino – Gainsbourg achète le 5 bis en 1968.

 

Juliette Gréco et Serge Gainsbourg sur le plateau de l’émission « Top à… », de Maritie et Gilbert Carpentier, en 1964. INA VIA AFP

 

Puis la voilà rue d’Alésia, dans le 14e arrondissement, à côté de chez les Hardy-Dutronc. En 1966, elle acquiert une maison de campagne, à Verderonne, qu’elle partage avec son nouveau mari, Michel Piccoli. Le tableau migrant s’y fixe. « Il y avait deux petits bureaux, l’un avec des canapés, l’autre avec une bibliothèque. Le tableau était par terre, comme les enfants », se souvient Julie-Amour Rossini. Parfois noyé au milieu de dizaines de poupées, de cartes postales, des statues d’art africain, acquises au moment de sa liaison avec le producteur de cinéma américain Darryl Zanuck.

Après son AVC, Juliette Gréco s’installe définitivement dans la maison des hauteurs de Ramatuelle, dans le Var. Lors de son déménagement, sa petite-fille demande : « Tu veux que je le mette où, le Gainsbourg, mamie ? » La championne du verbe a alors perdu la parole, mais pas sa lucidité. « Elle tend la main, là, sur la cheminée de sa chambre, droit devant ses yeux. A côté d’un dessin du peintre japonais exilé à Montparnasse, Foujita, la représentant et des photos de son grand-père qu’elle aimait tant. Ce tableau représentait la tendresse et l’intimité de Gainsbourg. »

 

« Achat impulsif »

En novembre 2021, un an après la mort de sa grand-mère à Ramatuelle, Julie-Amour Rossini, qui vit à Roscoff, en Bretagne, loin des rumeurs de la mode et du show-business, organise une vente aux enchères à Drouot, par l’intermédiaire de la maison de vente Crait-Müller. « Ce fut une aventure, je m’en souviendrais », confie Thomas Müller. Il y a de tout, des automates, des robes de scène (les plus belles ont été données au Musée Galliera), des sacs, des objets, des cadeaux de grandes marques. Et le fameux tableau.

Adjugé à 132 000 euros avec les frais, il est vendu plus cher que le Foujita. L’acquéreur se veut discret. Pourtant, il ne peut s’empêcher de poster une photo sur Instagram, avec le commentaire : « honneur, bonheur et émotion, forever inspiration ». Les Enfants au square se retrouvent, pâlichons et incongrus en diable, au beau milieu de photos de meubles, bustes, lustres anciens et d’un extrême raffinement.

 

Les antiquaires Marina et Benjamin Steinitz, qui ont acquis le tableau de Gainsbourg en 2021. Ici, dans leur galerie, à Paris, en janvier 2024. FRANKIE & NIKKI POUR M LE MAGAZINE DU MONDE

 

Le compte est, en effet, celui de la prestigieuse Galerie Steinitz, spécialisée dans la vente de meubles et d’objets du XVIIIe siècle. Installée rue Royale, dans le 8e arrondissement parisien, elle a été fondée en 1968 par Bernard Steinitz, juif originaire de Pologne. « Mon père avait le regard pétillant, il pensait que tout ce qu’il vivait après la Shoah était du bonus », dit Benjamin, son fils, qui a pris sa suite en 1998.

Quand, fin 2021, ce dernier voit passer la vente Gréco dans la Gazette de Drouot, il repère la toile. « J’ai été extrêmement ému par ce tableau. Il est joli, esthétique, mais son histoire également. » Du Gainsbourg et du Gréco, des vies parallèles, des années de résistance têtue. S’il a cédé à cet « achat impulsif », c’est parce que, dit-il, des liens invisibles se sont tissés entre la famille Gainsbourg et la sienne, « une famille un peu folle », et une réussite éclatante dans les arts, sans souci des modes : « C’était très émotionnel. Je voulais l’acheter sans avoir l’impression de posséder quoi que ce soit, mais pour être le dépositaire de nos histoires. Oui, j’aimais beaucoup Gainsbourg, l’artiste. Ma sœur aînée, qui a eu une vie compliquée, qui est décédée de ses excès, m’avait offert l’album Aux armes et cætera. »

Puis il écoute Mauvaises nouvelles des étoiles, avec le morceau Juif et Dieu, puis Rock Around the Bunker et le fameux Nazi Rock. « Je suis né sous une bonne étoile – jaune », plaisantait Gainsbourg. Benjamin Steinitz, qui a épousé une Russe, se réjouit de ces pirouettes. « C’est très ashkénaze, tout ça. Ça me parle, cela fait écho dans ma tête. Je me suis senti aussi fou que lui, le talent en moins. »

 

Passé l’enfance, Liliane s’efface

Car Les Enfants du square sont une plongée dans la psyché de son auteur et de son enfance. Le petit garçon à droite du tableau, c’est lui. La petite fille, c’est sa sœur jumelle. Le noyau familial – et sa gémellité – du chanteur est un aspect très peu connu du grand public. Ainsi, dans la famille Ginsburg, après la mort d’un premier fils, Marcel, emporté à l’âge de 16 mois par une pneumonie, Jacqueline était née en 1927, puis des jumeaux, Liliane et Lucien, le 2 avril 1928.

Jane Birkin analysait ainsi la situation : « Olga avait eu un petit garçon mort, Jacqueline était née trois ans avant et, là, Olga attend des jumeaux, elle n’ose pas faire l’avortement à Pigalle, et quand les jumeaux sortent, c’est Liliane en premier. Croyant que les jumeaux sont forcément identiques, Olga se met à pleurer, car elle se voit avec trois filles ! Et quand Serge est sorti, c’est : garçon, joie, surprise ! Quel soulagement ! Evidemment, Olga fut d’une injustice typique des familles juives. »

Serge Gainsbourg et sa sœur jumelle, Liliane, vers 1930. DOCUMENT PERSONNEL

 

La rançon est élevée. Serge comble le vide laissé par le frère mort. Il doit être parfait, il ne pouvait commettre aucune erreur. Toute fusion avec la jumelle devient impossible. Passé l’enfance, Liliane s’efface. Mariée à Meyer Zaoui, elle devient professeure à Casablanca. Elle n’est pas contre cette occultation. Jamais coupé, le contact avec son frère devient « plutôt impersonnel. Il m’impressionnait parce qu’il était parfois un peu glacial. Il y avait une certaine mise en scène. Il me faisait entrer chez lui et admirer son intérieur fabuleux », confiera-t-elle à Gilles Verlant, biographe de Gainsbourg. Le jour de la mort de leur mère, en 1985, Serge se replie avec Liliane, rue de Verneuil, où ils écoutent ensemble la Pavane pour une infante défunte, de Ravel. « Ça m’a remué les entrailles », poursuivra-t-elle.

La gémellité aura tiraillé Gainsbourg toute sa vie. « Quand j’ai commencé à travailler avec Serge, en 1977, il avait très peur de devenir monsieur Birkin, explique Alain Chamfort. Il ne parlait pas de sa gémellité, il la refoulait. Or, il y a toujours une part d’enfance chez l’artiste. Et lui avait connu cet état d’union compliqué, fait d’amour et de détestation, un rapport clos où personne ne rentre. » Le compositeur de Manureva, lui-même père de jumeaux, ajoute : « Gainsbourg était un personnage plein de contradictions, partagé entre la misogynie et l’amour des femmes. »

 

« Portrait craché de sa sœur », selon Jane Birkin

« Quand on a, comme moi, l’âme pliée en fœtus, on a besoin de provoquer pour la dégourdir », disait celui qu’on appelait « Ginette » à l’école, tellement il était mignon. Gainsbourg-Gainsbarre, Lucien-Serge… En quête d’unité, les jumeaux, même « faux », ont un fonctionnement particulier, duel. Ils sont à la recherche de la fusion perdue et mélangent parfois les genres. « Regarder la sœur jumelle occultée permet une autre lecture de l’œuvre de Serge Gainsbourg, cela explique sans doute ses inclinations pour le travestissement, y compris en nazillon, avance Bruno Bayon, ancien journaliste à Libération et auteur de Gainsbourg mort ou vices (Grasset, 1992), livre d’entretiens où le chanteur raconte sa mort, dressant un bilan salé de ses abîmes et de sa sexualité. Cela résonne avec le caché-montré de Gainsbourg. »

Sur la pochette de Love on the Beat, photographiée par William Klein, Gainsbourg apparaît grimé en femme – « portrait craché de sa sœur », remarquait Jane Birkin. Pas l’aînée, Jacqueline. « L’autre, sa jumelle. » Celle du bac à sable. Jamais à court d’inspiration dans la vacherie, Juliette Gréco nous susurrait : « La fille du tableau est laide. La sœur jumelle, c’était Gainsbourg en femme et c’était pire. Elle était affreuse, épouvantable. Lui n’était pas laid, il avait une beauté intérieure incroyable et un charme fracassant. »

Toujours vivantes, Jacqueline et Liliane habitent à Paris, loin des regards publics, tout comme les deux premiers enfants de Serge Gainsbourg, Natacha et Paul, nés dans les années 1960 de Françoise-Antoinette Pancrazzi, sa deuxième épouse, dite Béatrice, 92 ans et toujours silencieuse. Liliane, nous disait Jane Birkin avant sa mort, en juillet 2023, est « d’une gentillesse complète. Elle n’a pas le cynisme cruel de Serge. C’est comme s’il avait pris tous les côtés sarcastiques en gardant le romanesque. Elle, c’était Madame Bovary. » Et de conclure : « Les deux sœurs étaient terrifiantes au Scrabble. »

 

Prêté pour cinq ans au Musée Gainsbourg

Aujourd’hui, le tableau est donc au Musée Gainsbourg, prêté pour cinq ans par la famille Steinitz. Là encore, une petite péripétie. Avant la vente, la maison Gainsbourg en cours de construction était intéressée par le tableau. Des appels du pied avaient été faits par le clan Gainsbourg à Julie-Amour Rossini. Ayant appris cela, Benjamin Steinitz avait écrit à Charlotte Gainsbourg juste avant la vente. « Je lui ai dit que, si elle voulait acquérir le tableau, je ne pousserais pas les enchères, afin d’éviter que l’œuvre ne s’éloigne de la famille. » Elle ne répond pas, il l’achète.

Mais, immédiatement, La Maison Gainsbourg sollicite un prêt. « C’était compliqué de passer de la volonté à la réflexion. Je pensais : “Ce serait joli que ce soit au Musée Gainsbourg, dans sa maison, chez lui.” J’étais ému. Mais m’en détacher… explique Benjamin Steinitz. Avec mon épouse, nous avions imaginé le poser dans notre chambre, devant le lit. A la veille de l’inauguration, je n’étais pas mûr. Et puis, j’ai pensé que cela ferait plaisir à Monsieur Serge. » Il cède, par respect, à la toute dernière minute. Quant à Julie-Amour Rossini, elle a donné au Musée Gainsbourg un autre objet chéri de sa grand-mère, une lettre expédiée à la chanteuse par les parents Ginsburg la remerciant d’avoir créé La Javanaise, pierre angulaire de la notoriété de leur fils.

Véronique Mortaigne