Filouterie et pilotis : cinq détails méconnus sur l'église Saint-Joseph au Havre

 

Vacances obligent, des milliers de visiteurs vont venir découvrir un des joyaux du Havre : l'église Saint-Joseph. Voici cinq détails que la rédaction de 76actu a découverts.

 

Maurice Sieurin avec d’autres paroissiens assure des visites de l’église Saint-Joseph au Havre (Seine-Maritime) tout au long de l’année. (©MB/76actu)

 

Par Murielle Bouchard  le 21 juil. 2024

 

À travers les nombreux ouvrages qui racontent son histoire, les spécialistes d’Auguste Perret ou encore les visites guidées de l’office de tourisme, on pourrait croire qu’on sait tout de l’église Saint-Joseph du Havre (Seine-Maritime), inscrite aux monuments historiques dès 1965 puis classée en 2018.

Et pourtant… lors d’une visite avec un des paroissiens, Maurice Sieurin, la rédaction de 76actu a découvert de nouvelles anecdotes et quelques secrets bien cachés sur l’un des joyaux de la Cité océane qui chaque année reçoit 280 000 visiteurs en moyenne.

 

1. Pourquoi Saint-Joseph ?

C’est une question à laquelle on ne pense pas forcément, toutefois elle est en lien direct avec l’histoire de cette église dont la construction a démarré en 1951 et qui se veut être «  un symbole spirituel et profane également : en mémoire des nombreuses victimes du bombardement ». Ça n’est pas la première église saint-Joseph : la première chapelle de ce nom sort en effet de terre après 1870 et l’exposition maritime internationale qui se déroule dans le quartier du Perrey à proximité des chantiers navals Augustin Normand.

Saint-Joseph, patron des travailleurs et des charpentiers apparait alors comme une évidence pour nommer ce qui au départ sera une chapelle. 

 

Après les bombardements, cette statue de Saint-Joseph don d’une paroissienne a été récupérée comme les deux cloches de l’ancienne église dont l’une a été jugée irrécupérable après sa chute sur l’autel au moment où la corde à laquelle elle était attachée s’est brisée.   (©MB/76actu)

 

2. Un autel au centre : une fausse bonne idée ? 

Perret avait dans l’idée, contrairement aux usages, de disposer l’autel au centre de l’église. « L’archevêque de Rouen responsable du culte, a refusé d’emblée. Il se dit que les architectes ont profité du fait qu’il soit parti en pèlerinage à Lourdes pour couler le béton et ainsi lorsqu’il est revenu, c’était trop tard. » 

 

Le plafond à caisson n’était pas là à l’origine, mais le froid tombant sur les prêtres pendant l’office, il a été décidé de l’ajouter. (©MB/76actu)

 

Mais cette position centrale de l’autel, sur lequel tombe la colonne de lumière générée par la tour de 107 mètres n’est pas sans désagrément pour les prêtres durant l’office. En effet, « en haut, le plafond n’est pas fermé, et cet espace ouvert faisait que le froid tombait directement sur les prêtres. C’est la raison pour laquelle ils ont décidé de venir poser un plafond à caisson où est disposé le chauffage et aussi de la lumière. 

 

Ces chiffres à retenir 

50 000 tonnes de béton, 

700 tonnes d’acier utilisées,

12 768 morceaux de verre et 49 couleurs (plus le blanc). 

 

3. Perret l’agnostique souhaitait être enterré à Saint-Joseph

Perret était agnostique. Mais selon Maurice Sieurin, « il avait confié à ses bras droits qu’il souhaitait être enterré ici. Quatre mois avant sa mort, il se fait baptiser et choisit l’abbé Marie du Havre comme parrain. Il meurt en février 1954 avant l’achèvement de l’église, il a donc été enterré au cimetière Montparnasse aux côtés de son épouse. Une fois l’église terminée, les architectes sont allés trouver la famille de Perret pour lui soumettre l’idée qu’il rejoigne le Havre, mais cette dernière a refusé. » 

 

4. Une église sur « pilotis » avec une pente de 4% vers l’autel  

 

Une pente de 4 % pour arriver jusqu’à l’autel, pourquoi ? (©MB/76actu)

 

« Pour construire cette église, il a fallu creuser un énorme trou, car autrefois la mer venait jusqu’ici et le terrain en dessous est marécageux, il fallait donc toucher la roche solide qui est entre 15 et 17 mètres puis couler 71 pieux frankis. On peut dire que l’église est construite sur pilotis. »

Au moment de refermer le trou, « On aurait pu faire une dalle horizontale, mais ils ont choisi de l’incliner, et de disposer huit allées qui vont desservir l’autel. » Cette pente à 4 % menant à l’autel selon Maurice Sieurin c’est le symbole des Chrétiens « qui au moment de l’eucharistie vont se faire petit et baisser la tête pour arriver jusqu’à Dieu. » 

 

5. Une tour résistante

 

Comment la tour de 107 mètres fait-elle pour ne pas vaciller ? (©MB/76actu)

 

Comment une tour de 107 mètres, comme celle de Saint-Joseph, qualifiée de « phare spirituel d’Auguste Perret et cierge de l’abbé Marie » fait-elle pour ne pas vaciller sous le poids du vent ? La réponse se trouve à la pointe des bracons triangulaires dans lesquels on trouve des coupoles sphériques noyées dans le béton et gage de résistance de la tour. 

 

© 2024 actu.fr, détenu et coexploité par Publihebdos et ses filiales.

 

Collé à partir de <https://actu.fr/normandie/le-havre_76351/filouterie-et-pilotis-cinq-details-meconnus-sur-l-eglise-saint-joseph-au-havre_61360902.html>