Paris : « vieillissants », le Palais Garnier et l’Opéra Bastille fermeront deux ans pour des travaux « urgents »
La Cour des comptes a publié, jeudi dernier, un rapport sur la gestion de l’Opéra national de Paris (OnP) dans lequel elle pointe notamment l’urgence d’effectuer des travaux de rénovation au Palais Garnier et à l’Opéra Bastille.
Par Maxime Ducher
Le 28 octobre 2024
Le Palais Garnier sera en travaux pendant deux ans. LP/Arnaud Dumontier
Acteur majeur de la vie culturelle parisienne, l’Opéra national de Paris (OnP) a vu sa gestion et ses finances entre 2015 et 2023 être étudiées de près par la Cour des comptes, qui a publié un rapport jeudi 24 octobre. Dans son document, l’instance revient sur une période complexe pour les différents théâtres de l’institution, avant un regain de dynamisme, et dévoile que les opéras Garnier et Bastille vont connaître chacun deux ans de travaux de rénovation, impliquant leur fermeture - d’abord Garnier à compter de juillet 2027, Bastille ensuite dès juillet 2030.
Exploités de manière intense ces dernières années, le Palais Garnier, les Ateliers Berthier et l’Opéra Bastille ont déjà subi quelques travaux de rénovation et de maintenance. Mais, aujourd’hui, la Cour des comptes rapporte un « état de vieillissement avancé ». A tel point qu’elle qualifie « d’urgente » la nécessité d’entreprendre de nouveaux travaux d’ampleur. Etanchéité des toitures, rénovation de la machinerie scénique, cintres, fosse, cadre de scène, etc.
Des investissements trop longtemps sous-estimés et sous-financés
Concentré durant plusieurs mois sur deux projets, l’Opéra national de Paris a finalement été contraint de les abandonner en 2023, perdant un temps précieux dans la gestion de son institution. Sur la période de 2016 à 2018, la Cité du théâtre devait, tout d’abord, être lancée sur le site des Ateliers Berthier, dans le XVIIe arrondissement, impliquant un rapatriement des activités de l’Opéra national de Paris sur le site Bastille. Et dans un second temps, un projet de salle modulable à Bastille gelé depuis trente ans était dans les cartons. Mais les deux projets ayant été abandonnés, l’Opéra a grandement subi ces pertes financièrement.
Confronté à un « mur d’investissements », l’État s’est engagé entre 2022 et 2026 à octroyer une subvention à hauteur de 5 millions d’euros par an, ainsi qu’à laisser à disposition les plus de 40 millions d’euros destinés au projet avorté de salle modulable de l’Opéra Bastille.
Bien que l’Etat ait investi régulièrement (par dotation annuelle en fonds propres), en moyenne 1,4 million d’euros par an, les dépenses de l’Opéra ont atteint plus de 12 millions d’euros. Après trois années de crise, l’OnP est aujourd’hui confronté à un besoin de financement exceptionnel, « estimé, à ce stade, à au moins 200 millions d’euros d’ici 2030, afin d’entreprendre les grands travaux nécessaires sur chacun de ses sites », précise le rapport.
Des résultats excédentaires en 2023
Pour pallier ce manque de moyens, l’Opéra est notamment encouragé à augmenter le nombre de ses représentations « tout en réduisant ses effectifs permanents et en maintenant un haut niveau de savoir-faire ».
Pour le moment, l’augmentation du nombre de représentations de ballets a, par exemple, permis une nette hausse des recettes de billetterie, entraînant des résultats excédentaires pour l’année 2023. Et ce, même si le lyrique peine à remplir les salles. De plus, l’utilisation de bâches publicitaires sur échafaudage posté devant le Palais Garnier pourrait également rapporter 28 millions d’euros sur la période 2024-2030.
La Cour des comptes espère donc que ces résultats seront confortés et intime l’OnP d’anticiper davantage la gestion de son budget dans le futur. Car l’Opéra fait face à plusieurs défis sur lesquels il devrait, selon le rapport, se concentrer tout particulièrement pour redresser la barre. Les effectifs sont vieillissants, le recours accru à des effectifs non-permanents est déploré, le système de rémunération demeure « trop complexe et peu lisible », tout comme la gestion sociale de la convention collective.
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